Sur les réseaux sociaux comme Sina Weibo, le microblog chinois, le grand nombre de messages qui évoquent liu si -4 juin 1989, jour de la répression sur la place Tiananmen de Pékin-, sans prononcer aucun des nombreux mots interdits,
signale que les pressions persistantes de l'opinion publique ne sont
pas prêtes de se relâcher : certains font référence aux massacres de
communistes dans les années 20, tandis qu'une photo de Deng Xiaoping
affublé d'une moustache à la Hitler a circulé quelque temps avant
d'être effacée. Les messages tiennent quelques dizaines de minutes avant
d'être effacés, mais circulent ensuite sous forme de "copie écran".
Une action de la censure a particulièrement indigné les internautes chinois : ceux-ci se sont aperçus il y a deux jours qu'on ne trouvait plus le dessin d'une bougie, signe de la tristesse, dans la palette d'émoticônes mis à disposition des usagers sur le microblog Weibo. Le fournisseur de services a indiqué que celle-ci était "en cours d'optimisation", proposant en contrepartie le symbole de la torche olympique.
Plusieurs centaines de milliers de micro-blogueurs ont raillé ce déni de deuil, particulièrement symbolique de l'amnésie officielle : "Vraiment, demain doit être un jour bien mystérieux. Même Sina Weibo n'ose pas allumer de bougie", a écrit l'un deux. Le mot "bougie" a lui aussi fini par être interdit de recherche sur Weibo. "Est-ce que supprimer le mot bougie déchirera nos souvenirs ? Les pleurs ne peuvent pas brouiller les sentiments dans nos cœurs. Ils sont toujours là, ils nous appellent depuis ce long voyage qu'ils ont entrepris. Et ils vous appellent vous aussi", a twitté @CaiZhaoming.
DES PAROLES DE CHANSONS
D'autres internautes contournent la censure en citant des paroles de chansons ou des musiques qui sont associées au 4 juin. Comme Pangu, ce groupe de rock qui a dû s'exiler en Europe en 2004, et son album intitulé Love in June : "Laissons le temps mourir en juin. Aucune goutte de pluie en juin, aucune fleur en juin, le mois de juin est aussi long que la mort..." Knocking on Heaven's door du groupe Gun n' Roses est aussi mis à contribution.
Le site du mouvement du jasmin (molihua xindong), qui s'est illustré par des appels à des marches dominicales l'an dernier, a incité les internautes à se vêtir de noir et à se rendre ainsi sur les grandes places du pays - sans grand succès : la révolte anti-jasmin de 2011 avait déjà fait long feu en raison d'une répression immédiate et brutale. Beaucoup de messages en appellent à revisiter les incidents, qualifiés, dans les rares cas où ils sont mentionnés officiellement, de "tumultes politiques".
Certains convoquent Dou'E, un personnage du théâtre chinois antique accusé à tort d'avoir tué un homme : juste avant son exécution, Dou'E a juré de son innocence en annonçant que de la neige tomberait en juin. Quand sa prédiction se réalisa, son père, devenu inspecteur impérial, obtint de rouvrir le procès et démontra l'innocence de sa fille. Les réhabilitations d'injustices passées n'ont cessé de rythmer l'histoire chinoise et notamment la communiste : "Il y a tous ces précédents de réhabilitation dans l'histoire chinoise, comme celle des incidents de Tiananmen de 1976, qui fut le coup d'envoi des réformes de Deng Xiaoping. C'est évident qu'au sein du pouvoir, il y a des gens qui y pensent et qui considèrent qu'il est temps de régler cette histoire", estime Jean-Philippe Béja, un chercheur du CNRS basé à Pékin.
Un professeur de peinture à l'Université de Renmin, Zhu Weiming, a lui posté au sujet de deux de ses étudiants disparus lors de la nuit fatidique du 3 au 4 juin 1989 le message suivant : "J'appelle les fantômes de mes deux étudiants ! Chen Laishun et Xiao Jie ! Revenez chercher vos diplômes !"
La clôture de la Bourse de Shanghaï en fin de journée lundi a fini de donner des frissons aux superstitieux : l'indice composite de Shanghaï a terminé en baisse de...64,89 points. Soit le libellé exact en chinois du massacre, le 4/6/89. Et la plus forte chute de l'année 2012 !
Une action de la censure a particulièrement indigné les internautes chinois : ceux-ci se sont aperçus il y a deux jours qu'on ne trouvait plus le dessin d'une bougie, signe de la tristesse, dans la palette d'émoticônes mis à disposition des usagers sur le microblog Weibo. Le fournisseur de services a indiqué que celle-ci était "en cours d'optimisation", proposant en contrepartie le symbole de la torche olympique.
Plusieurs centaines de milliers de micro-blogueurs ont raillé ce déni de deuil, particulièrement symbolique de l'amnésie officielle : "Vraiment, demain doit être un jour bien mystérieux. Même Sina Weibo n'ose pas allumer de bougie", a écrit l'un deux. Le mot "bougie" a lui aussi fini par être interdit de recherche sur Weibo. "Est-ce que supprimer le mot bougie déchirera nos souvenirs ? Les pleurs ne peuvent pas brouiller les sentiments dans nos cœurs. Ils sont toujours là, ils nous appellent depuis ce long voyage qu'ils ont entrepris. Et ils vous appellent vous aussi", a twitté @CaiZhaoming.
DES PAROLES DE CHANSONS
D'autres internautes contournent la censure en citant des paroles de chansons ou des musiques qui sont associées au 4 juin. Comme Pangu, ce groupe de rock qui a dû s'exiler en Europe en 2004, et son album intitulé Love in June : "Laissons le temps mourir en juin. Aucune goutte de pluie en juin, aucune fleur en juin, le mois de juin est aussi long que la mort..." Knocking on Heaven's door du groupe Gun n' Roses est aussi mis à contribution.
Le site du mouvement du jasmin (molihua xindong), qui s'est illustré par des appels à des marches dominicales l'an dernier, a incité les internautes à se vêtir de noir et à se rendre ainsi sur les grandes places du pays - sans grand succès : la révolte anti-jasmin de 2011 avait déjà fait long feu en raison d'une répression immédiate et brutale. Beaucoup de messages en appellent à revisiter les incidents, qualifiés, dans les rares cas où ils sont mentionnés officiellement, de "tumultes politiques".
Certains convoquent Dou'E, un personnage du théâtre chinois antique accusé à tort d'avoir tué un homme : juste avant son exécution, Dou'E a juré de son innocence en annonçant que de la neige tomberait en juin. Quand sa prédiction se réalisa, son père, devenu inspecteur impérial, obtint de rouvrir le procès et démontra l'innocence de sa fille. Les réhabilitations d'injustices passées n'ont cessé de rythmer l'histoire chinoise et notamment la communiste : "Il y a tous ces précédents de réhabilitation dans l'histoire chinoise, comme celle des incidents de Tiananmen de 1976, qui fut le coup d'envoi des réformes de Deng Xiaoping. C'est évident qu'au sein du pouvoir, il y a des gens qui y pensent et qui considèrent qu'il est temps de régler cette histoire", estime Jean-Philippe Béja, un chercheur du CNRS basé à Pékin.
Un professeur de peinture à l'Université de Renmin, Zhu Weiming, a lui posté au sujet de deux de ses étudiants disparus lors de la nuit fatidique du 3 au 4 juin 1989 le message suivant : "J'appelle les fantômes de mes deux étudiants ! Chen Laishun et Xiao Jie ! Revenez chercher vos diplômes !"
La clôture de la Bourse de Shanghaï en fin de journée lundi a fini de donner des frissons aux superstitieux : l'indice composite de Shanghaï a terminé en baisse de...64,89 points. Soit le libellé exact en chinois du massacre, le 4/6/89. Et la plus forte chute de l'année 2012 !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire