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lundi 4 juin 2012

L'E3, vitrine clinquante du jeu vidéo

Plus de 60 000 m2 dédiés au jeu vidéo, des dizaines de milliers de visiteurs. Du 5 au 7 juin se tient, à Los Angeles, le salon Electronic Entertainment Expo (E3). Depuis 1995, ce salon, réservé aux journalistes et aux professionnels, permet aux fabricants de consoles, mais aussi aux plus gros éditeurs de jeux, de montrer, en exclusivité, les prochaines superproductions - jeux dits "triple A" - qui arriveront bientôt sur consoles ou sur PC.
Depuis quelques années, l'hégémonie du salon est contestée. Des événéments comme la Penny Arcade Expo aux Etats-Unis, le Tokyo Game Show ou la Gamescom en Allemagne ne cessent de gagner des visiteurs. Afin de maîtriser leur calendrier de sorties, certains éditeurs organisent même leur propre événement, à l'image de la BlizzCon, du studio Blizzard. "L'E3 est plus pertinent et populaire qu'il ne l'a jamais été, assure pourtant, sur le site Gamesindustry, Rich Taylor, de l'Entertainment Software Association (ESA), qui organise le salon. D'Activision à Zynga, en passant par les 200 autres exposants, nous mettons en avant toute la diversité et l'étendue de l'industrie du jeu."
Cette édition de l'E3 intervient dans un contexte particulier. Si le marché, estimé à 52 milliards d'euros dans le monde, est tiré par le secteur des consoles de salon, les XBox 360, Playstation 3 et Wii sont en fin de vie. A part la Wii U, présentée l'an passé par Nintendo, aucune nouvelle console ne devrait être annoncée par Microsoft ou Sony.
ANCIENS ET MODERNES
Sortie fin 2005, la XBox 360, première des consoles de dernière génération, a tenté de se renouveler, avec l'arrivée du périphérique de jeu sans manette, Kinect, lancé fin 2010. Mais les jeux véritablement novateurs manquent pour l'heure. Les concepteurs de Microsoft ont aussi tenté de faire évoluer leur console de jeu en appareil multimédia. Après une mise à jour, Kinect intègre la reconnaissance vocale, et la nouvelle interface des menus transforme la console en appareil multimédia.
La transition vers une nouvelle génération de consoles de salon est également délicate pour Sony, qui enregistre un succès en demi-teinte de sa nouvelle portable, la Playstation Vita, lancée en mars. Si la Playstation 3 fait jeu égal avec la XBox 360 dans le monde, les derniers résultats du groupe japonais sont dans le rouge, et le nouveau patron, Kazuo Hirai, a annoncé en avril une importante restructuration. Coïncidence : l'action du groupe, en difficulté également dans d'autres secteurs, est passée pour la première fois sous le seuil des 1 000 yens à la Bourse de Tokyo ce 4 juin.
La Wii U de Nintendo, console de salon qui doit succéder à la Wii, écoulée à plus de 95 millions d'exemplaires, est également très attendue. Annoncée l'an dernier, la dernière-née de Nintendo devrait être présentée en détail pour cette édition de l'E3 - le constructeur a d'ores et déjà mis en ligne une vidéo présentant la manette de la console, avant même sa grande conférence. Un lancement d'autant plus important que Nintendo a terminé l'année 2011 sur un déficit net de 43,20 milliards de yens (425 millions d'euros). Le groupe réalise certes de bonnes performances avec ses consoles portables, mais il doit passer le cap de la nouvelle génération de consoles.
La manette de la future Wii U de Nintendo.
MULTIPLES CONCURRENTS
Les principaux constructeurs de consoles, piliers de l'E3, doivent aussi faire face à la concurrence accrue de nouvelles plateformes de jeux, qui sont peu représentées à Los Angeles. Cela est particulièrement vrai pour les appareils mobiles que sont la 3DS de Nintendo et la Playstation Vita de Sony. Par ailleurs, plus de 450 millions de smartphones ont été vendus en 2011, soit presque autant que les ventes cumulées de consoles portables et de salon de dernière génération. Les derniers appareils mobiles, sous iOs d'Apple ou Android de Google, sont désormais équipés de puces quadricœur, permettant d'afficher des graphismes de plus en plus détaillés.
Mais c'est surtout le modèle économique des jeux mobiles, souvent considéré comme un produit d'appel pour les terminaux, qui oblige les principaux éditeurs à abaisser leurs marges. Les consoliers doivent pour leur part investir massivement en recherche et développement, et souvent vendre leurs appareils à perte, pour constituer rapidement la base de leurs joueurs.
En accueillant Zynga, le leader des jeux sociaux, dans l'enceinte de l'E3, le salon s'ouvre toutefois un peu au social gaming. Les consoliers doivent aussi faire face à de nouvelles entreprises, comme Gaikai et Onlive, spécialisées dans le cloud gaming, déclinaison ludique de "l'informatique dans le nuage", ou aux plateformes de téléchargement comme Steam.
En consultant la liste des exposants de l'E3, on peut enfin constater que le salon accueille peu de jeux indépendants, créations originales aux mécaniques de jeu innovantes. De Braid à Minecraft, en passant par Super Meat Boy ou Osmos, ces jeux ont pourtant montré qu'ils pouvaient être des succès commerciaux. Mais c'est souvent le ticket d'entrée élevé pour l'E3 qui rebute ces petites structures, et contribue à former un miroir déformant de la diversité ludique.

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